jeudi 27 décembre 2012

Merci Mr Poupelle de me soutenir.

Mr Poupelle est un ancien dirigeant de Dexia (CEO de DCL de 2008 à 2010). A ce titre mes lecteurs habituels peuvent deviner que je n'ai pas une une sympathie naturellement débordantes pour ses réalisations.

Néanmoins j'ai lu son interview dans JOL Press. et je voudrais le remercier de soutenir dans son interview deux propositions que je fais régulièrement: 1) des meilleurs régulateurs et moins de règles ; 2) des administrateurs de banques compétents.

Des meilleurs régulateurs et moins de règles


J'ai déjà fait part de mon opinion sur la régulation, en particulier dans les blogs:
Et quelques extraits de l'interview:
Je suis un tenant du bon équilibre entre règles prudentielles et supervision. Si la supervision est faible, on a tendance à bâtir des règles pour transformer les banques en blockhaus, pour les rendre incassables en quelque sorte : c’est la mauvaise approche[…]
C’est malheureusement la très mauvaise route empruntée par certains aspects de Bâle III[…]

 

Des administrateurs de banques compétents


Là aussi j'ai exprimé mon opinion à de maintes reprises et au minimum chaque fois qu'une nomination est faite par l'état belge dans un conseil d'administration d'une banque.
Et quelques extraits de l'interview:
Il me paraît essentiel que le superviseur […] soit d’une exigence redoublée sur la validation des dirigeants responsables des banques […]. Pour ma part, j’ai toujours été surpris que les membres des conseils d’administration des banques ne soient pas eux-mêmes validés par les autorités de supervision, voire préalablement auditionnés pour les plus importants d’entre eux, comme le président du conseil ou celui du comité des risques.

Je suppose que Mr Poupelle n'a pas décidé de faire ces propositions en lisant mon blog. Il est certainement suffisamment bien informé par lui-même pour avoir des opinions sensées sans copier quelqu'un d'autre. Je tiens néanmoins à le remercier pour avoir exprimé ouvertement ces opinions.

Je me permets néanmoins un petit bémol sous forme d'une question: Pourquoi n'a-t-il pas exprimé son opinion sur les conseils d'administration quand il était chez Dexia, dont le conseil d'administration était composé en bonne partie de politique sans expérience bancaire, en particulier son président Mr Dehaene?

dimanche 23 décembre 2012

Le test de QI a-t-il été inventé par des cons?

Comme j'aime la question, je me permets de reprendre le titre d'un blog de l'Echo en vous renvoyant à l'original:
Le test de QI a-t-il été inventé par des cons?
Mon opinion, renforcée par l'expérience, est que les personnes qui font passer ces tests ne comprennent pas la richesse des réponses. Je me permettrais donc d'ajouter un peu à la question ci-dessus en posant la question suivante:
Les tests psychotechniques ont-t-ils été inventés et sont-ils utilisés par des cons?
Notez que, fidèle à mon opinion qu'il y plus dans une question que celui qui la pose le pense, je pose la question en restant ouvert à la réponse ;-)

samedi 15 décembre 2012

Conseil d'administration des banques: plus d'avocats et moins de banquiers.

Deux nouvelles nominations par l'état Belge dans les conseils d'administration de banques, deux nouveaux avocats et zéro banquier. Pour ce qui est des compétences, un grand point d'intérogation!

J'avais donné récemment à l'état un bulletin "faible mais en net progrès" pour les nominations dans les conseils d'administration. Je dois maintenant changer mon bulletin en "faible et en régression".

La presse a annoncé la nomination de deux administrateurs: Henri Delwaide et Carine Doutrelepont. De ces deux personnes, la presse nous apprend les choses suivantes:

Henri Delwaide: "n’a pas derrière lui une longue carrière bancaire". Licence en droit, spécialisé dans le droit financier et des sociétés.

Carine Doutrelepont: "une proche d’Elio Di Rupo", il est vrai que Di Rupo est un expert dans le domaine bancaire. "l’histoire ne dit pas si elle a dû expliquer l’impact des swaps de taux d’intérêt sur le bilan d’une banque […]. Ces swaps qui ont tant compliqué la vie de Dexia et que peu de monde comprend. Y compris dans les conseils d’administration des banques.". Docteur en droit, elle enseigne le droit des médias et de la propriété intellectuelle et est spécialisée en droit international.

C'est triste comme description. Il y a en Belgique des experts en gestion des risques, en finance quantitative, en développements informatique dans la finance, en transactions bancaires, … Et pour beaucoup d'entre eux ces swaps dont il est question ci-dessus sont des instruments très simples et seulement la base de leur expertise, pas au-dessus de son sommet.

Comme je l'indiquais précédemment , il suffit de chercher un peu pour trouver des gens plus compétents. En faisant une recherche rapide sur internet j'ai trouvé des profiles bien meilleurs: belgium bank finance risk management trading quantitative phd

Mais peut-être le gouvernement et le chasseur de têtes ne disposent pas d'une connexion internet. Je me ferais un plaisir d'imprimer ces profiles et de leur envoyer pas pigeon voyageur s'ils le demandent.

Ajouté le 17 décembre 2012.
En lisant le document "Supervisory guidance for assessing bank's financial instrument fair value practices" écrit par le Comité de Bâle sur la Supervision Bancaire j'ai trouvé la phrase suivante à propos de la valorisation des instruments financiers.

Principe 2, page 4:
Management […] has a sufficient basis upon which to determine the appropriateness of the techniques used, the underlying assumptions and selection of inputs and the consistency of application.
Le management […] a une base suffisante sur laquelle il détermine la justesse des techniques utilisées, les hypothèses sous-jacentes et la sélection des données et la consistance d'application.
La traduction et l'accent sont de moi.
Non seulement la compréhension des éléments de base d'une banque, comme les swaps, devrait être naturelle pour toutes les personnes qui ont un rôle important dans ces institutions, mais c'est aussi une recommandation du Comité de Bâle sur la Supervision Bancaire.

La Belgique est un des membres de ce comité. Les membres du comité pourraient-ils réveiller le gouvernement belge et lui indiquer que la supervision des banques par les conseils d'administration est quelque chose de sérieux et doit être fait par des gens compétents?

Ajouté le 27 décembre 2012.
Entendu au spectacle "Sois belge et tais-toi!":
L'égalité des femmes sera réalisée quand une femme incompétente sera nommée à un poste important.
Voilà, c'est fait! Et merci qui?

mardi 4 décembre 2012

Actions, warrants et poudre aux yeux: un blindage en papier mâché.

L'Echo publiait (Echo 3 décembre 2012) récemment un petit article, intitulé "OPA sur Telenet: le CEO blinde sa neutralité" concernant le conflit d'intérêt de Duco Sickinghe, CEO de Telenet a propos des transactions de reprises par Liberty Global. J'ai du relire l'article cinq fois pour être sur de bien le comprendre tellement ce qui y est dit est ridicule. L'information écrite de manière très semblable est également apparue dans d'autres journaux. L'"article" consiste principalement en une réécriture du communiqué de presse.

En résumé,  Mr Sickinghe possède des actions (296,025) et des warrants sur actions (856,256) de Telenet. Il a donc un conflit d'intérêt clair dans les négociations. Il a intérêt a faire monter les enchères et orienter les choix vers une répartition qui l'avantage personnellement. Sur ce point tout le monde semble d'accord, y compris l'intéressé. Pour pouvoir prétendre qu'il est libre de tout conflit d'intérêt (ce qui serait à son honneur) Mr Sickinghe a pris les disposition suivantes (et c'est ici que cela devient ridicule). Il a crée un fondation (Stichting Administa-ratiekantoor) établie sous le droit néerlandais dont il est le seul bénéficiaire dans laquelle il a transféré toutes ses actions et warrants exerçables mais pas ceux qui ne sont pas encore exerçables ni les options sur actions.

Les warrants ne sont pas transférés sous le prétexte que n'étant pas exerçable immédiatement, il ne créent pas de conflit d'intérêts. Les options sur actions ne sont pas transférées car l'offre ne couvre pas les options mais seulement les actions sur lesquelles les options sont écrites! Mr Sickinghe est-il réellement incompétent sur les principes de base de la finance ou est-ce encore un de ces tours de magie comptable ou une règle prend plus d'importance que la réalité économique. Dans les deux cas cela ne m'inspire pas confiance dans la gestion par ce monsieur des finances d'une entreprise importante. Dire que les warrants qui ne sont pas exerçantes immédiatement ne créent pas de conflit est comme dire que d'un point de vue de la Saint-Nicolas, un enfant n'a aucun intérêt à être sage pendant l'année parce que il ne peut exercer sont droit à un cadeaux que le 6 décembre; son comportement le reste de l'année n'a aucun impact sur le résultat. Une proposition qui plairait peut-être à beaucoup d'enfants, mais même un enfant de 5 ans sait que ce n'est pas vrais!

Pour ce qui est des actions et warrant exerçables, il sont transférés à une fondation dont Mr Sickinghe est le seul bénéficiaire. Même si cela ajoute un couche d'opacité comptable, comme Enron le faisait si bien, cela ne change pas la réalité économique. La fondation sera gérée en toute indépendance (a priori on a pas de raison de douter de cette indépendance) par trois personnes "expertes" dans le domaine de la gestion qui pourront prendre toutes les décisions de gestion sans en référer et sans en informer Mr Sickinghe. Ces personnes connues dans le secteur de la gestion d'avoirs seront naturellement payées pour leurs services (en cash ou en publicité; je ne les nome pas pour ne pas leur faire de publicité gratuite). Jusqu'ici rien dans la description n'enlève le conflit d'intérêts initial. Du point de vue des gestionnaires, quel est la stratégie naturelle à suivre. La plus facile est de ne rien faire, attendre la fin des négociations et rendre le portefeuille inchangé. Le portefeuille inchangé veut dire conflit inchangé. Comme Mr Sickinghe n'est pas informé des changements du portefeuille et qu'il y a un possibilité non négligeable qu'il y ai encore des actions et warrants Telenet dans le portefeuille, son conflit reste bien présent. D'un autre coté si les gestionnaires vendent toutes les actions et tous les warrants et que les nouveaux investissement sous-performent, leur réputation, qui est la source de leur rémunération, en pâtira. Il n'est pas très difficile de deviner ou est leur intérêt.

Bien sûr il est facile de critiquer alors que ce monsieur fait son possible pour éviter un conflit d'intérêt apparent. Outre le fait que, comme expliqué ci-dessus, il n'évite en rien un conflit d'intérêts apparent mais essaye de donner l'apparence qu'il évite un conflit d'intérêt évident, il existe une solution beaucoup plus simple et beaucoup plus efficace. Il suffit à Mr Sickinghe de vendre tous ses titres Telenet et tous les warrants et options, exerçables ou non. C'est beaucoup plus simple que de créer une fondation et un mécanisme de gestion de celle-ci. Il suffit de prendre sont téléphone et de donner ordre à son banquier de tout vendre. Il y aura peut-être une petite difficulté car il y a sans doute une restriction juridique sur la vente de certains d'entre eux. Mais si c'est un obstacle juridique, ce n'est pas un obstacle financier. Son banquier se fera un plaisir de lui proposer des investissements qui économiquement sont équivalents à la vente des warrants mais pas juridiquement; c'est bien ce pour quoi l'ingénierie financière a été créée. Personnellement je propose une obligation reverse convertible sur Telenet (je sais la FSMA ne veut pas qu'on utilise le terme obligation pour décrire un obligation reverse convertible, mais il faut bien appeler un chat un chat).

En résumé un conflit d'intérêts évident qu'on essaye de cacher derrière une structure aussi inutile que complexe. Cela me rappelle d'autres montages foireux, comptables et en plusieurs couches.

Dormez en paix braves gens; on vous ment, on vous trompe mais en faisant semblant de ne pas le voir, cela n'est pas grave.

Et bien sût les journalistes et les "analyste financiers", qui n'ont qu'une compréhension très limitée des produits financiers et de la gestion des risques vous répètent ces mensonges sans s'informer.

lundi 3 décembre 2012

Tout ce que je veux pour Noel, c'est la vérité!

"Je suis plus stupéfait que jamais de l'habilité de ceux au pouvoir de mentir, tromper et obscurcir la vérité […]"

Traduction de http://www.zerohedge.com/news/2012-12-03/guest-post-all-i-want-christmas-truth

Sans commentaire!

Mais avec un lien vers un de mes blogs précédents: Econome avec la vérité!